Toute construction finira destruction. On aura beau tenter d’allonger la monotonie de la vie au bout du faux-plat un mur se dresse, une masse montagneuse infranchissable, au bout de cette plaine il y a l’inévitable fracas. En attendant, on peut divaguer et sculpter cette étendue. Mer, glace et gel nous ont précédé. En parcourant pieds nus et oreilles froissées le morne strandflat, on entend, réfugié entre les anfractuosités d’une veine de quartz blessée par le froid, le microscome des bruissemens d’en-dessous. Le songe strident des bactéries cryptoendolithiques nous laisse sans voix et les hurlements des levures transcrivent imparfaitement le malaise microbien qui nous entoure. Ce n’est donc qu’à partir d’un échantillon de principes évasifs que l’on peut cerner leur univers onirique; ils ont pu dire ceci :
« Si nous étions une révolte littéraire, nous serions un soupir post-exotique,
si nous étions un acharnement contre nous-mêmes, nous serions Frère Numéro Un,
si nous étions de l’argile, nous serions étalés sur les paumes de Gilgamesh,
si nous étions un peintre monochrome, nous serions un nuancier Pantone humide,
si nous étions un hareng, nous serions en train d’agoniser sur les rivages d’Isafjördur,
si nous étions un type de mottes, nous serions un thufur éventré,
si nous étions une pensée, nous serions un principe cunéiforme,
si nous étions une musique, nous serions Strandflat. »
Pour toutes ces mauvaises raisons, nous sommes Strandflat. Pour vous, nous écoutons et diffusons les voix inférieures des cultures d’en-dessous.
Seitoung, 2013.
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